Une jeune maman a posté un appel à l'aide sur un réseau social, à propos de son bébé de six mois qui ne "fait pas ses nuits". En lisant certains commentaires, je me suis dit que nombreux sont les parents qui méconnaissent le fonctionnement du bébé et particulièrement son sommeil.
Il semblerait que les "problèmes" du sommeil des enfants soit culturel, en effet il est très commun dans de nombreuses civilisations que les enfants et leurs parents partagent le même lieu de repos. On ne se pose pas la question, c'est ainsi depuis toujours et personne ne se plaint de problème de sommeil!
Tout près de ses parents l'enfant est rassuré par leur présence, d'autant plus si il est bébé. Tout près de leur enfant, les parents eux aussi sont rassurés et peuvent intervenir sans même changer de pièce pour nourrir ou changer leur bébé.
Et puis, nous sommes des animaux diurnes, à la tombée de la nuit nous sommes naturellement en alerte car c'est pendant le sommeil que nous sommes vulnérables face à d'éventuels prédateurs, nous avons une vue qui n'est pas adaptée à l'obscurité laissant notre second sens, l'audition, prendre le relais et être à l'origine de tous les fantasmes effrayants ...De plus, appartenant à la catégorie animale des petits portés actifs, l'être humain n'est pas "programmé" pour rester seuls les premiers temps de vie, il l'apprendra au fur et à mesure de son évolution vers une certaine autonomie...
Le lieu rassurant pour un bébé (idéalement) est donc le corps de sa mère (ou celui d'un adulte) ou tout du moins sa proximité, particulièrement encore à six mois, car il n'a pas pris conscience d'être un être à part, il n'a pas encore intégré sa propre identité corporelle, cela viendra lors de la fameuse phase de séparation aux alentours des huit mois.
Le bébé seul et sans repère de sécurité agit donc normalement lorsqu'il s'agite ou se réveille plusieurs fois dans la nuit apeuré.
Ajoutons à cela l'intense activité cérébrale de l'enfant pendant son sommeil, c'est là qu'il intègre tout son vécu journalier en revivant ses actions et ses émotions, construisant ainsi ses synapses (les connexions entre les neurones) qui peuvent apparaître sous forme de cauchemars ou terreurs nocturnes.
Alors comment aider un bébé ou un enfant qui se réveille la nuit?
Tout d'abord en modifiant notre approche du sommeil des enfants et en laissant derrière nous nos idées reçues à ce propos. Il est NORMAL qu'un tout-petit ne "fasse pas ses nuits" (ou plutôt qu'il ne fasse pas NOS nuits d'adultes!).
Tout simplement car les cycles de sommeil du bébé et de l'enfant sont différents de ceux de l'adulte.
Parfois, ce que le parent croit être un réveil n'est en réalité qu'un changement de phase ponctué de rêves. Ainsi prendre systématiquement dans ses bras un bébé qui pleure pendant la nuit peut avoir l'effet opposé à celui recherché (à savoir l'aider à se rendormir...et pouvoir se rendormir soi-même!) se faisant, il y a un risque de le faire quitter un cycle de sommeil. On le représente sous la forme d'un train, composé de plusieurs phases (les wagons) plus ou moins longues selon l'âge. Chaque cycle doit être complet, si on est réveillé au cours d'un cycle, alors il faudra attendre le prochain train, c'est-à-dire le début du prochain cycle, pour pouvoir se rendormir...Ainsi, chez un petit de six mois qui fait un cauchemar et qu'on réveille en début de cycle en le prenant dans les bras il peut se passer près de 40 minutes avant de parvenir à le rendormir!
Attendre quelques minutes avant d'intervenir peut donc être nécessaire, un temps d'observation du bébé afin de décider de la suite. Parfois il suffit de poser une main sur son petit corps pour lui apporter réconfort. Certains bébés ont besoin de téter (le sein ou une tétine) pour trouver cet apaisement. Evidemment il y a aussi les réveils destinés à nourrir le bébé pour lesquels vous agirez en conséquence.
Partager le lieu de sommeil du bébé peut aider à améliorer le sommeil de tout le monde!
A chacun d'adapter la façon de dormir avec son enfant, on peut placer un petit lit dans la chambre parentale ou prévoir un lit d'appoint pour adulte dans la chambre de l'enfant.
Mon expérience m'a prouvée que dormir avec son enfant lui apporte sécurité affective et meilleure confiance en lui et surtout meilleur sommeil! Et n'allez pas imaginer que ça dure indéfiniment! En procédant progressivement, notamment grâce aux rituels du coucher, votre enfant réussira à dormir seul.
En général l'enfant commence à rester une nuit entière seul entre 3 et 4 ans. Ceci correspond à la prise d'autonomie qui est effective vers 5 ans, c'est à cet âge-là qu'il comprend qu'il est un être de pensée à part entière. Oubliez les premiers mois les dictas anciens qui incitent à coucher les bébés seuls dans leur chambre sous prétexte qu'en faisant autrement vous n'aurez plus de vie conjugale ou qu'ils deviendraient des tyrans capricieux...Tout au contraire en fait!
Porter son bébé et masser son bébé
Porter son bébé en écharpe ou porte-bébés (de façon physiologique bien sûr) dans la journée, même quelques minutes suffit à aider le cerveau du bébé à s'apaiser grâce à l'ocytocine (hormone du plaisir, du bien-être et favorable au connexions neuronales) produite pendant ce temps de contact.
De même, les massages procurés au bébé favorise l'apaisement et l'intégration des limites corporelles, mais évitez de le pratiquer juste avant le coucher au risque de le stimuler au lieu de l'apaiser.
Instaurer un rituel
Le rituel doit être respecté dans le même ordre tous les soirs afin de ne pas perturber l'enfant, et devra durer entre 20 et 30 minutes maximum. Ici le timing du rituel commence après le repas.
On peut le mettre en place dès qu'on en ressent le besoin, quelque soit l'âge de l'enfant. Il se veut rassurant et apaisant, il évoluera en fonction de l'âge de l'enfant. L'idée est de créer un moment passerelle entre la fin de journée et le début du "dodo" :
Exemple de rituel:
Commencer par la toilette ou le bain (pas trop chaud et jamais plus de 20 min, sinon comme le massage, il risque de stimuler l'enfant au lieu de l'aider à s'apaiser!)
Dîner, sans téléviseur, dans le calme, c'est l'occasion d'échanger quelques mots sur la journée.
Le brossage des dents, dès que nécessaire, peut venir s'insérer dans le rituel.
Poursuivre par ranger la chambre: ramasser les jouets et fermer les volets supprime toute éventuelle stimulation, on peut bien entendu faire participer l'enfant dès qu'il en est capable; avec un bébé on peut le porter en écharpe et décrire ce que l'on fait.
Coucher leur doudou ou leur poupée, crée un mimétisme qui aident les plus grands à se rassurer sur ce moment.
On choisit le livre du soir, un album d'images ou de photos et on s'installe pour la lecture à voix basse avec une lumière de chevet plutôt qu'un plafonnier trop lumineux! A ce moment, on peut proposer aux bébés un biberon ou une tétée (en évitant de les laisser s'endormir dessus!)
Chacun dit quel a été son meilleur moment de cette journée, puis on se fait un gros câlin un bisou et on se souhaite bonne nuit.
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